L'augmentation du risque de pauvreté entraîne la progression de l'extrême-droite

« Localement, plus les ménages d'une région ne suivent plus l'évolution du revenu national et sont laissés pour compte, plus la création d'un terrain propice aux tendances antidémocratiques et nationalistes est probable », explique Florian Neumeier, chercheur à l'Institut ifo. C'est ce que montre un autre calcul : lorsque l'écart de pauvreté augmente d'un point de pourcentage, le score des partis d'extrême-droite augmente même de 1,2 %. L'écart de pauvreté est l'écart moyen entre les revenus des ménages et le seuil de pauvreté.
 
Les calculs effectués montrent que les effets sont plus marqués à l'est qu'à l'ouest de l'Allemagne. En revanche, les chercheurs ne voient pas de différences notables entre la ville et la campagne dans les deux parties du pays. L'augmentation du score des partis d'extrême-droite se retrouve dans tous les groupes de revenus. Cette hausse est la plus forte chez les 40 % les plus pauvres. « Le parti d'extrême droite AfD est en mesure de progresser davantage dans les régions allemandes structurellement faibles. La structure des revenus de son électorat se différencie cependant très peu de celui des autres partis traditionnels », constate David Gstrein, lui aussi chercheur à l'Institut ifo. « Pour combattre le populisme, il est indispensable de résoudre les problèmes économiques du pays. Une politique structurelle et économique efficace pour les régions structurellement faibles semble également revêtir une importance particulière », ajoute Florian Dorn. « Les personnes touchées par les changements structurels et la transformation numérique ont besoin d'opportunités et de perspectives crédibles pour l'avenir. L'organisation de la protection sociale et la conception du système éducatif et de formation professionnelle jouent un rôle décisif en vue d'accroître la confiance dans la démocratie. »
 
Pour réaliser ces calculs, les auteurs ont analysé des données issues du Panel socio-économique (SOEP), de l'enquête Mikrozensus et des résultats des élections fédérales à l'échelle régionale. Tous les partis nationalistes ou d'extrême-droite s'étant présentés aux élections fédérales allemandes entre 1998 et 2017 ont été pris en compte.